Thursday, January 31, 2008

Coffret monte hellman : macadam a 2 voies / the shooting / l'ouragan de la vengeance

MORTEL !!! je suis arrivé à passer le standard !! et j'ai gagné >

Coffret monte hellman : macadam a 2 voies / the shooting / l'ouragan de la vengeance

Macadam à deux voies (Two Lane Blacktop)
La route, le défilement du paysage, rien de plus cinégénique en soi. Prenez une caméra, laissez la lumière pénétrer l'objectif, les formes défiler, il n'y a presque plus rien à faire, qu'à contempler la mécanique même du cinéma en train de se faire. D'une mécanique à l'autre, l'automobile semble la condition même pour parcourir l'espace américain. C'est celle de Macadam à deux voies, sur lequel on revient en cherchant à percer les mystères d'un décrochage et des embranchements d'un film, du cinéma américain et d'un moment de l'Histoire.
Macadam à deux voies avec ses personnages sans nom, The Mechanic, The Pilot, The Girl, GTO (aussi le modèle de voiture conduit par Warren Oates), qui sont des héros sans passé ni avenir. Ils n'ont pour destination que des villes où ils n'arriveront jamais. Sans buts réels (les destinations semblent interchangeables), ils errent avec le duel ou la fille comme seuls enjeux. Une fille, symbole ultime de liberté, qui ne s'engage pas, passe d'un homme à l'autre comme poussée par des vents contraires. Cette liberté ultime que le film traque au moment où point la fin des utopies (1971), Monte Hellman la filme avec un naturalisme documentaire de chaque instant. On traverse en silence un monde multiple fait de villes et de routes presque désertes, on erre dans des réalités captées comme autant de présence climatique. Images de nuit à peine éclairées, visage sublime du conducteur se découpant sur un horizon où l'aube se profile, tout Macadam à deux voies crépite de son présent, comme une immersion au sein d'une réalité fragile qui aujourd'hui nous apparaît comme un souvenir brûlé vif.
Comme Pat Garett & Billy the Kid, Macadam à deux voies (même scénariste) est l'un des derniers westerns, la fin des illusions, le désenchantement à demi avoué. On avance en silence, coupé du monde en-dehors de celui de la compétition automobile (The Mechanic, The Pilot), on fait entrer le monde chez soi (GTO) en cueillant des auto-stoppeurs, pour s'inventer des vies, ne pas tromper trop vite le passé. Les paysages au devenir antonionien (un monde de signes) sont autant d'espaces nostalgiques et mythologiques qui s'effacent. Ils sont les reflets d'une fin du monde inéluctable où la voiture symbolise l'ultime rempart individualiste, la seule liberté possible mais déjà défaite. Le film n'est que bifurcations, arrêts, temps mort, pauses ; presque mutique, il semble résigné. La course reste la dernière manière de prouver sa virilité dans un monde où la femme refuse de s'attacher à n'importe quel port. Elle est de nulle part, à chaque homme, presque abstraite.
Sans finitude, Macadam à deux voies n'est plus la conquête d'un espace mais l'éventualité diffuse de la rencontre et de l'égarement, la traversée d'une Amérique construite et somnambule. C'est le dernier et ultime poster mélancolique d'un pays rêvé, une œuvre de la déception incarnée où l'on passe les vitesses d'un espoir sans autre nom que le cinéma.
Jérôme Dittmar

Un film de Monte Hellman
Etats-Unis, 1971 - 102min
Avec Warren Oates, James Taylor, Laurie Bird, Dennis Wilson…

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Ajout dvd AEROSMITH